Les légumes des 2 Vernes à Wiers : une agriculture à taille humaine et à dimension sociale

C’est à Wiers, dans la ferme familiale, que Ludovic Depelchin développe un projet de maraîchage bio, une agriculture à taille humaine et avec une dimension sociale.

Le projet s’appelle « Les légumes des 2 Vernes », une évocation des deux rieux, la Verne de Basècles et celle de Bury. Elles se rejoignent dans le village de Wiers, telles les deux passions de Ludovic qui fusionnent sur les terres familiales.
Ludovic est engagé dans le projet de la Coop Alimentaire.

Pour une agriculture sociale à taille humaine

Après des études d’assistant social et un master à l’ULB en sciences du travail, Ludovic a travaillé comme animateur (AMO, service d’action en milieu ouvert), puis comme agent d’insertion au CPAS de Forest, puis au CPAS d’Uccle entre 2012 et 2022.
Mais l’appel de la terre le démange. De 2013 à 2016, il cultive une parcelle de 15 ares dans la ferme familiale, sur laquelle il commence à produire des légumes. La ferme familiale est en polyculture-élevage, avec de moyennes cultures et des bovins pour le lait et la viande, sur une surface de 50 hectares. Mais Ludovic a envie d’y développer un projet différent, à dimension plus sociale.

En 2019, il décide de se lancer plus intensément dans la production de légumes tout en gardant un ½ temps au CPAS d’Uccle. Avec son ami, Olivier Loeuille, qui est professeur en menuiserie, il démarre un maraîchage sur petite surface (70 ares). Père et grand-père, tous deux précurseurs d’une agriculture plus saine, le soutiennent dans cette aventure. (voir reportage notélé)

Tous les mercredis, Fabrice est accueilli à la ferme pour y accomplir quelques tâches simples. Cet accueil d’une personne porteuse de handicape est encadré par le GAL (Groupe D’action Local) des Plaines de l’Escaut.

Ludo : « Cela lui permet de sortir un peu de son centre, de faire quelques activités complémentaires et pour nous, c’est un bon petit coup de main sur des tâches pas super complexes mais qui peuvent prendre du temps. Voilà, c’est un bel échange »

Depuis 2019, l’outil de production, la clientèle, le réseau se sont développés, pour parvenir à un projet viable, avec l’ouverture d’un magasin à la ferme et une vente hebdomadaire à la ferme du Buis à Barry.

Ludo :« Ce que j’aime dans ce métier, c’est le côté résilient. C’est l’un de mes objectifs, de sortir du système industriel pour avoir un système autonome.
Il y a le contact direct avec les clients aussi. Je trouve ça super chouette car nos clients sont les gens du village. On a l’impression de faire partie d’un tout. »

La biodiversité au cœur du projet de ce producteur bio

Les arbres sont essentiels dans la conception que Ludovic se fait de l’agriculture. Des noisetiers bordent les chemins, des haies ont été plantées et un apiculteur, Martin, a été invité à poser ses ruches dans les prairies.

Ludo : « Il y a une pensée vers l’avenir, en se disant : on va vers des conditions pas forcément mieux. Ok ! Comment changer à mon échelle ? Comment avoir un système résilient ? On parle beaucoup des haies, des arbres dans la littérature agricole. Ca peut contribuer à avoir un sol vivant. J’ai envie de prendre le sol comme un être vivant, l’entretenir et l’aider à retrouver son équilibre tout en trouvant mon propre équilibre. »

La conversion des grandes cultures en agriculture bio

Entre ces deux métiers, Ludovic a du faire un choix.
Depuis 1 an, il consacre tout son temps à la ferme, afin de mener la conversion en bio des grandes cultures.

Ludo : « Ce sont de nouveaux fournisseurs, de nouvelles manières de cultiver, un nouveau matériel, des nouvelles rotations de culture, des nouveaux créneaux de vente. Bref tout un nouveau système à mettre en place. Et des investissements, en machine, plus importants que pour le maraîchage »
Certaines terres sont déjà certifiées bio, d’autres sont encore en conventionnel

Ludo : « Les productions des grandes cultures, blés ou maïs, sont encore vendues à l’agro-industrie. Le temps de me faire la main ! J’espère, petit à petit, faire des productions que je peux vendre, ici au magasin. »

Le choix de l’agriculture bio pour les grandes cultures

Ludo : « Pour l’instant, en industrie le marché bio n’est pas du tout intéressant. Il se casse la gueule. Pour l’instant, vendre à l’industrie en bio ce n’est pas très emballant.
Après, je le fais par conviction, mais faut que je trouve mon équilibre financier. Et sinon, dans cinq ans, si ça ne va vraiment pas, peut-être que je retournerai vers l’agriculture conventionnelle.
Mais j’espère continuer en bio plutôt que mettre des produits phyto, mettre ma vie en danger, polluer la nappe phréatique et tuer la vie de mon sol. C’est pour ça que je fais du bio. J’espère que le consommateur va suivre, va acheter du bio, du bio belge aussi, et du bio à taille humaine »

La collaboration du producteur avec la Coop Alimentaire

Ludovic est l’un des premiers producteurs à s’être engagé dans la Coop Alimentaire.
L’échange avec d’autres maraîchers lui semble essentiel dans l’évolution de son projet.

Ludo : « Avec la Coop Alimentaire, on a assez bien de contacts entre nous, ce qui permet de fonctionner ensemble plutôt que de ne pas savoir ce que font les uns et les autres et de se tirer des balles dans les pieds. On travaille en collectif et ça permet de discuter de plein de thématiques .
Parmi nous, il y a des agriculteurs sur grandes surfaces, très mécanisés, et des maraîchers sur petites surfaces très peu mécanisés.
La Coop Alimentaire permet de créer un dialogue entre tous ces producteurs pour savoir comment on fait ensemble pour produire au mieux des produits bio, locaux et de qualité. »

Découvrez la vidéo que nous avons réalisé avec Ludovic sur la résilience ou celle sur l’agriculture sociale